|  Istambul - Le Caire en 1930 | Inauguré en 1930, le Taurus Express était l'un des trains de la Compagnie internationale des wagons-lits et des Grands Express européens (CIWL), propriétaire des mythiques trains de luxe Venice-Simplon-Orient-Express, Flèche d'or ou encore Train bleu. Avec le «Toros Ekspresi» (photo), Londres n'était plus qu'à sept jours du Caire. Le Toros prenait à Istanbul le relais du légendaire Orient-Express, venant de Paris, et desservait trois fois par semaine Rayak (avec correspondance pour Beyrouth et Damas par le chemin de fer à voie étroite), et deux fois par semaine Alep et Tripoli. Pour rejoindre le Caire, en l'absence d'un chemin de fer côtier entre Tripoli et Haïfa, la CIWL avait mis en place, à l'époque, un service automobile pour parcourir les 255 kilomètres séparant les deux villes. À partir de Haïfa, les voyageurs reprenaient les wagons-lits sur la voie ferrée menant au Caire et construite par l'armée britannique pour des raisons stratégiques lors du premier conflit mondial. La construction de la voie ferrée côtière par les sapeurs australiens et sud-africains pour le compte de l'armée britannique, en 1942, avait relié Tripoli à Beyrouth et à Haïfa. Mais toute crise politique n'est pas bénéfique au rail. Comme en témoigne la «nakba» de 1948 : depuis la création d'Israël, la liaison par le rail entre l'Europe et l'Afrique a été interrompue. Pour ceux qui ont connu le début des années 70, l'Ekspresi desservait Beyrouth al-Mahatta, autrement dit Mar Mikhaël, chaque mardi et samedi. |
Km |
Horaire 1935 |
Arrivée |
Départ |
Arrivée |
Départ |
Arrivée |
Départ |
0 |
Haydarpasa (Dim et Jeudi) |
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9h40 |
Bus |
Bus |
Train |
Train |
315 |
Eskysehir |
17h13 |
17h28 |
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577 |
Ankara |
22h35 |
22h49 |
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1258 |
Adana |
13h48 |
14h12 |
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1545 |
Alep |
22h10 |
23h00 |
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1859 |
Tripoli (mardi et samedi |
8h10 |
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8h25 |
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1924 |
Beyrouth |
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10h40 |
14h00 |
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2081 |
Haifa (arrivée) |
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18h00 |
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2081 |
Haifa (Départ mercredi et dimanche) |
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8h30 |
2504 |
Kantara |
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17h30 |
19h21 |
2606 |
Le Caire (mercredi et dimanche) |
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22h30 |
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|  Reconstruction | Le réseau a été détruit par la guerre. En Aout 2019 seules sont en service Lataquié - Tarjus (Tartous) et Alep - Djibrine
15/12/2020 « Sikket Halab ma'tou3a » (la ligne de chemin de fer vers Alep est coupée). Ce titre populaire du chanteur syrien Hossam Jneid pourrait bientôt être de l'histoire ancienne, à en croire les médias progouvernementaux. L'axe ferroviaire qui relie la capitale damascène à Alep serait en phase finale de réhabilitation en vue d'une réouverture prochaine, selon le ministère syrien des Transports. Après avoir reconquis de vastes pans de territoire ces dernières années, le régime a rouvert à la circulation en février dernier cet axe stratégique de 400 km qui avait été coupé en 2012 lors des combats.
Si le projet ferroviaire semblait en suspens malgré divers effets d'annonces cette dernière année, l'État est toutefois parvenu à reconnecter certaines voies permettant le transport commercial et des passagers, comme celles de Homs-Damas ou Hama-Damas fortement endommagées durant la guerre. En 2015, les services passagers et de fret ont notamment repris entre les villes côtières de Lattaquié et Tartous, loin des principales zones de conflit, sur une distance d'environ 80 km. Et en 2020, les services de fret ont repris sur la ligne de 309 km reliant le port de Tartous à al-Sabinah, dans l'ouest de la Ghouta, au sud de Damas. Mais avec la crise économique sans précédent que traverse le pays, il est difficile d'entrevoir une nouvelle vague de réhabilitations dans ce secteur par l'État sans investissements extérieurs. Les sanctions occidentales qui paralysent Damas limitent d'autant plus les choix d'investisseurs, laissant Moscou et Téhéran, les deux parrains du régime, en pôle position. Des compagnies iraniennes et russes ont montré ces dernières années leur intérêt à engager leurs billes sur des projets ferroviaires en Syrie, d'autant plus stratégiques qu'ils leur permettraient de gagner en influence sur le territoire. En juillet 2019, Téhéran a annoncé qu'un projet majeur était en cours d'élaboration pour relier le port de Khomeyni, situé du côté iranien des eaux du Golfe, au port de Lattaquié. Un projet qui permettrait à l'Iran de faciliter le mouvement de ses milices et d'acheminer de l'armement. Mais sous pression maximale côté américain et face au risque de bombardements israéliens, l'entreprise est clairement compromise. Côté russe, il y aurait eu des discussions avec la société de construction Stroytransgaz fin 2019 dans l'optique de relier le port de Tartous (contrôlé par la société susnommée pour une durée de 49 ans) par voie ferrée au Golfe via l'Irak. Un pays pourrait bien passer devant Téhéran et Moscou dans la course qui les oppose pour le partage du gâteau syrien, du moins dans ce domaine : la Chine. Selon le quotidien prorégime al-Thawra, une société publique chinoise se serait placée sur les rangs la semaine dernière en faisant une offre de financement, de construction et de développement d'un projet ferroviaire qui relierait Damas à sa banlieue via quatre lignes.
Poste-frontière-clef de Nassib
L'organisation générale des chemins de fer syriens et son équivalent irakien ont, par ailleurs, signé le mois dernier un accord de coopération en vue de procéder au transfert de marchandises, de matières premières et de matériaux manufacturés depuis les ports syriens vers l'Irak, et inversement. La deuxième compagnie publique de transport ferroviaire syrien, la Hijaz, a de son côté annoncé son intention de lancer des travaux pour réparer la ligne Amman-Damas. Une annonce qui avait déjà été faite peu après la réouverture du poste-frontière-clef de Nassib avec la Jordanie le 15 octobre 2018.
Le réseau ferroviaire syrien de plus de 2 500 kilomètres, qui figurait parmi les plus performants du Moyen-Orient, a été gravement endommagé ces dix dernières années. Dans une interview accordée en début de semaine dernière à Sputnik, le directeur de la Compagnie générale des chemins de fer syriens, Nagib al-Fares, estimait les pertes à près d'un milliard 700 millions de dollars. Selon le site économique The Syria Report, les dégâts étaient estimés à 489 milliards de livres syriennes en 2017.
Or, pour le régime, la relance des chemins de fer est cruciale pour sa politique de reconstruction. Depuis qu'il est parvenu à reprendre plus des deux tiers du territoire grâce à l'intervention de ses alliés, Bachar el-Assad a fait de la reconstruction sa « priorité absolue ». Avec une économie à plat, le régime compte beaucoup sur ce moyen de transport pour revitaliser le commerce interne et externe.
Il s'agit aussi de redorer l'image de l'État. Pendant plus d'un siècle, des trains ont sillonné la Syrie en transportant passagers et biens sur des centaines de kilomètres, avant que les combats n'immobilisent les wagons à quai en 2012. Un mois à peine après la chute d'Alep, le régime diffusait des vidéos et des photos d'un train sillonnant la ville dévastée avec à son bord des badauds brandissant des portraits d'Assad. Quelques mois plus tard, ce sera au tour d'une vieille locomotive à vapeur de fabrication suisse, affublée de drapeaux syriens, d'effectuer son premier trajet depuis le début de la guerre entre Damas et al-Zabadani proche de la frontière libanaise.
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|  Réseau avant la guerre de 2013 | Le réseau Syrien comporte une ligne Nord-Sud reliant la Turquie à la Jordanie et une ligne Ouest-Est reliant Alep à El Yaroubieh à la frontière Iraqienne et utilisée par la liaison Damas - Bagdad avant la guerre en Irak. Une autre liaison vers l'Irak utilisait la ligne directe d'Alep à Karkamis et rejoignait El Yaroubieh via la Turquie |
|  Relations voyageurs nationales avant la guerre civile de 2013 | Les horaires de 2012 sont ceux donnés par "L'homme de la place 61" Les horaires de 2011 sont ceux donnés par: http://www.syrische-eisenbahn.de/SyrianRailways/CFS/Fahrplan/CFS-Fahrplan.htm
En 2012 les chemins de fer Syriens ont mis en service sur la ligne Damas - Alep des rames automotrices rapide de provenance Sud-Coréenne |
Date |
|
|
Train |
Distance |
Temps |
Km/h |
4/2011 |
Alep |
Lataquié |
Express 42 |
204 km |
2h30 |
81.6 |
4/2011 |
Alep |
Tartous |
Train 40 |
326 km |
3h55 |
83.2 |
4/2011 |
Lataquié |
Tarjus |
Trains 284 |
122 km |
1h05 |
112.6 |
4/2011 |
Tartus |
Hama |
Train 235/226 via homs |
154 km |
4h12 |
36.7 |
1/2012 |
Damas |
Alep |
Rapide 173 |
367 km |
4h00 |
91.8 |
1/2012 |
Damas |
Homs |
Rapide 173 |
165 km |
2h01 |
81.8 |
1/2012 |
Homs |
Alep |
Rapide 173 |
202 km |
1h59 |
101.8 |
4/2011 |
Damas |
Al Qamishli |
Tran de nuit 184 (Ligne Est vers l'Irak) |
917 km |
14h18 |
64.1 |
4/2011 |
Alep |
Al Qamishli |
Train de nuit 255 (Ligne Est vers l'Irak) |
550 km |
6h45 |
81.5 |
4/2011 |
Alep |
Deir Ez Zor |
Train 57 (Ligne Est vers l'Irak) |
340 km |
4h11 |
81.3 |
4/2011 |
Alep |
Maydan Ikbis |
Train 663 (Ligne Nord près frontière Turque) |
120 km |
3h27 |
34.8 |
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|  Relations voyageurs internationales avant la guerre civile de 2013 |
Date |
|
|
Train |
Distance |
Temps |
Km/h |
7/2007 |
Alep |
Mossoul (Al Mawsil Irak) |
Train de nuit WL le samedi |
748 km |
12h55 |
57.9 |
7/2007 |
Damas |
Ammam (Jordanie) |
Changement de train à Dar'a (lundi et jeudi) |
223 km |
9h |
24.8 |
10/2008 |
Damas |
Istambul Haydarpaça |
Taurus Express WL le mardi |
1893 km |
36h42 |
51.6 |
4/2011 |
Alep |
Gaziantep (Turquie) |
Train 61 le vendredi |
288 km |
4h00 |
72 |
4/2011 |
Alep |
Adana (Turquie) |
Train de nuit 69 le vendredi |
274 km |
8h18 |
33 |
4/2011 |
Alep |
Mersin (Turquie) |
Train de nuit 69 le vendredi via Adana |
341 km |
9h20 |
36.5 |
4/2011 |
Damas |
Teheran (Iran) |
Train de nuit WL le Dimanche |
2348 km |
58h20 |
40.3 |
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